Superman par Tim Burton, le film que nous ne verrons jamais
Je relisais récemment une biographie de Tim Burton et je suis tombé sur le projet avorté de Superman. En fouinant un peu sur le web, j’ai trouvé un paquet d’infos.
Une bonne histoire, c’est un bon début
Au début des années 1990, la Warner décide de relancer la franchise Superman, et s’intéresse de près au Comic-book The Death of Superman, où l’on voit le super-héros périr lors d’un affrontement contre une créature nommée Doomsday. Ce dernier, qui ressemble à un hybride entre Hulk et un predator, n’a pas d’origines très bien définies. Au début du comic, on le voit seulement s’extraire d’une prison métallique, quelque part en Amérique du nord.
L’histoire se poursuit dans Funeral for a friend où l’on voit Batman, Flash, Wonder Woman et autres justiciers rendre hommage au « meilleur d’entre eux ». C’est le chaos et la désolation. Plusieurs successeurs et usurpateurs font leur apparition,et se battent entre eux.
Mais dans Return of Superman, le vrai Superman est ramené à la vie par ses serviteurs robots, dans la Forteresse de Solitude. Affaibli, il refait son apparition hirsute et revêtu d’un costume noir, qui absorbe l’énergie solaire, et fait le grand ménage parmi ses successeurs.
Le development hell est en route
C’est une histoire parfaite pour la Warner, qui cherche quelque chose de plus sombre que les films précédents, de manière à attirer un nouveau public. Il faut dire aussi que les deux Batman de Tim Burton ont changé la donne. John Peter (producteur des Batman, justement), cherche à faire avancer les choses, bien qu’il ne connaisse strictement rien aux comic books.
En 1993, c’est Jonathan Lemkin qui est embauché pour le scénario du nouveau film. Son histoire, intitulée Superman Reborn (la Renaissance de Superman), imagine que Superman se fait bien tuer par Doomsday mais que Lois Lane donne ensuite le jour à un bébé et que celui-ci devient adulte en l’espace de quelques semaines, devenant le nouveau Superman !
En 1995, un certain Gregory Poirier reprend le script et imagine que Doomsday a été envoyé par Brainiac, l’ennemi kryptonien de Superman, qui a causé la destruction de sa planète. Le superhéros meurt au combat mais il est ressuscité par un certain Cadmus, ennemi de Brainiac. Comme il a perdu tous ses pouvoirs, Superman est contraint de porter une armure robotique pour lutter contre son pire ennemi.
Kevin Smith arrive sur le projet en 1996 car il est connu pour être un expert en comic books. Il s’entend assez bien avec le producteur John Peters pour réécrire encore une fois le scénario,que Kevin juge particulièrement mauvais et pas du tout respectueux de la mythologie. Le problème est que Peters a quelques exigences bizarres, comme de supprimer le costume bleu de Superman, de ne pas le voir voler, et d’intégrer un combat avec une araignée géante ! (cette fascination pour les araignées sera assouvie d’ailleurs un peu plus tard dans le film Wild Wild West). Selon Kevin Smith, Peters voulait de l’action à tout prix, et voulait par exemple que Brainiac se batte contre des ours polaires en se rendant à la Forteresse de Solitude !
(On peut lire à ce sujet le savoureux transcript d’une interview de Kevin Smith : http://www.za-gay.org/forum/viewtopic/18679/kevin-smith-parle-de-superman-et-de-tim-burton/0/ )
Dans le scénario de Kevin Smith, Brainiac s’alliait avec Lex Luthor, envoyait Doomsday pour tuer Superman et utilisait un disque géant pour cacher le soleil et supprimer les pouvoirs du superhéros. Superman était ressuscité par un robot kryptonien, et privé de ses pouvoirs il devait porter une armure cybernétique. Le casting de l’époque comportait Ben Affleck en Superman, Linda Fiorentino en Lois Lane et Jack Nicholson en Lex Luthor. Il faut dire aussi que le malheureux Christopher Reeves, paralysé suite à d’un accident en 1995, ne pouvait plus jouer le superhéros. Ben Affleck n’était pas un très bon choix pour jouer les justiciers, comme le montrera sa prestation en Daredevil, des années plus tard.
Tim Burton arrive sur le projet et tout est remis en cause
Après le désistement de Roberto Rodriguez, les producteurs contactent Tim Burton, auréolé alors du succès des deux films Batman. Le casting est modifié est comprend alors Nicolas Cage en Superman, Courteney Cox en Lois Lane et Kevin Spacey en Lex Luthor. A ce moment, le projet est bien lancé et le film doit sortir début 1998, sous le nom de Superman Lives (Superman est vivant).
Si le casting de Lois Lane et Kevin Spacey fait rêver (d’ailleurs ce dernier sera la seule réussite du Superman Returns de Brian Synger), le choix de Nicolas Cage laisse perplexe. De fait, Tim Burton cherche un temps à le remplacer par Ralph Fiennes et verrait bien Cameron Diaz en Lois Lane (n’importe quoi !).
Dans une interview de cette époque, Nicolas Cage semble tout à fait heureux de jouer un Superman qui ressemble à un homme ordinaire : « J’aime le fait que je ne ressemble pas à Superman. Je veux dire, j’ai toujours pensé que j’étais Monsieur Tout le monde. Et je pense que tout le monde peut être Superman. C’est la beauté du personnage, selon mon opinion. Tout le monde peut être Superman dans sa tête« .
A défaut d’être le bon acteur pour le rôle, Nicolas Cage est complètement obsédé par Superman. En 2005, il donnera à son second fils le prénom de Kal-El ! Depuis, le petit Kal-El Cage se porte bien…
Le film entre en pré-production et le département artistique dirigé par Rick Heinrichs commence à imaginer le look du héros et les décors du film. Tim Burton se débarrasse de Kevin Smith et embauche un nouveau scénariste, Wesley Strikes pour refaire tout le script. Dans la nouvelle mouture, Brainiac et Lex Luthor fusionnent pour devenir un seul super-vilain, baptisé Lexiac.
D’après plusieurs témoignages, le développement artistique du film n’avait plus grand chose à voir avec le style du comic book d’origine et les idées les plus farfelues foisonnaient, inspirées par le producteur John Peters et par les délires de Tim Burton.
Le budget du film s’envole et le scénariste Dan Gilroy remplace Wesley Strikes pour faire « dégraisser » le script. Un gros problème est aussi que Nicolas Cage s’est révélé catastrophique lors des premiers essais. Finalement, Warner Bros décide d’enterrer le projet en avril 1998, au désespoir de Tim Burton, qui réalisera ensuite Sleepy Hollow.
Voilà, dans un prochain post je détaillerai un peu mieux ce qui était prévu dans Superman Lives.
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