Saint Raphaël et la Corniche d’Or
Je n’ai pas les moyens de me payer un voyage aux Bahamas, j’ai donc opté pour le sud de la France. Une région dépaysante pour un auvergnat, avec du soleil et des températures douces. Si soleil il y avait, pour la douceur on pourra repasser. Entre le 10 et le 20 décembre, les températures sur la côte méditerranéenne ont chuté de 10 degrés et le vent n’arrangeait pas les choses. J’ai rarement eu aussi froid ! Un petit 5 degrés pour se balader au bord de la mer face à un vent glacial, c’est dur ! Heureusement la Provence offre des spectacles extraordinaires à voir.
Je me suis posé à Saint-Raphaël, station balnéaire située entre Saint-Tropez et Cannes et pratiquement fusionnée avec Fréjus. Disons-le tout de suite, Saint-Raphaël c’est pas très beau. Bien sûr il y a la mer et les palmiers, mais la ville est composée à 90% de résidences de tourisme sans âme et a perdu son identité provençale (comme pratiquement toutes les villes de la côte d’ailleurs). Pour trouver des vestiges de la vieille ville, il faut s’aventurer dans les petites rues et on finit par trouver des maisons et un marché qui ressemblent à quelque chose.
Fréjus est également une ville résidentielle et touristique, qui n’a pas grand chose d’intéressant à offrir en bord de mer. Pour trouver un peu d’authenticité, il faut se rendre dans le centre historique et là on trouve une vieille église, des façades colorées, des rues piétonnes et des vestiges romains. Fréjus a su garder son cœur, loin des boulevards qui longent la mer et les plages.
Sur toute la côte méditerranéenne, c’est la même histoire. Le littoral est bouffé par les résidences de tourisme, les villas et les villages de vacances et on aura beaucoup de mal à trouver la Provence de Giono ou Pagnol. De temps en temps on peut trouver des petits quartiers qui ont gardé un peu de charme d’autrefois mais c’est rare. Sainte-Maxime est un exemple de village encore un peu préservé. Quant à Cannes, c’est une vraie catastrophe. J’ai rarement vu une ville aussi moche et aussi prétentieuse. C’est un temple du Bling Bling, sans âme et sans classe.
Le voyageur aura donc intérêt à abandonner les villes de la côte et à s’intéresser à l’arrière pays. Justement Saint-Raphaël est coincé entre le massif de l’Esterel et le Massif des Maures, deux échines rocheuses qui se jettent dans la méditerranée et laissent voir des roches rouges et roses, couvertes de garrigue et de forêt méditerranéenne.
Le massif de l’Esterel est dominé par le Mont Vinaigre (614 m) et propose de nombreuses balades pour ceux qui en ont marre de la mer. On y trouve une forêt de chênes lièges, chênes kermes, arbousiers et pins parasols qui s’accrochent comme ils peuvent à la montagne. Les rochers déchiquetés se jettent dans la mer et génèrent de nombreuses calanques entre Cannes et Saint-Raphaël. Toute la région côtière s’appelle la Corniche d’Or (bien que les rochers soient plutôt cuivrés) et elle est peu épargnée par l’urbanisation, à l’exception du Cap Dramont, qui est une réserve naturelle.
Le Massif de l’Esterel est superbe mais sur sa partie est (du côté de Cannes) il a été abondamment colonisé et ça fait pitié de voir des villas s’incruster en flanc de montagnes comme des champignons ou des parasites. Je n’ai rien contre les petits villages provençaux et les vieilles maisons en pierre, mais voir toutes ces résidences de « Français d’en haut », qui défigurent la montagne, ça fait mal au cœur.
Ces merveilles de la nature ne m’ont pas fait regretter mon voyage. La prochaine fois j’irai directement dans les montagnes plutôt que de perdre mon temps sur la côte. Au passage, période de Noël oblige, j’ai fait un tour par une foire au santons… C’est kitsch et très cher mais voilà une tradition qui perdure (même si la crèche religieuse ne doit plus beaucoup exister dans les maisons)