District 9 : Aliens versus Bureaucrates
Précédé d’une rumeur avantageuse et véritable OVNI cinématographique (forcément), District 9 est sans aucun doute l’évènement de la rentrée. C’est bien simple, on n’a jamais vu de film comme ça. Un film de SF trash, qui se complait dans la violence et le sordide, filmé façon documentaire, et où les aliens ne sont ni des envahisseurs ni des êtres supérieurs mais plutôt de pauvres ploucs vivant dans un bidonville….
L’histoire se passe à Johannesburg, en Afrique du Sud, où est apparu sans crier gare un immense vaisseau extraterrestre. Ses occupants, en piteux état, ont été recueillis et soignés par les terriens et finalement regroupés dans un immense camp (le district 9) où ils croupissent depuis maintenant 20 ans. Exploités et soumis à toutes sortes de brimades, les « crevettes » ne sont pas au bout de leurs peines quand il est décidé de les transférer dans un autre camp, plus « propre », le District 10.
Wikus Van Der Merwe, un odieux bureaucrate, énervant de bonne humeur, est chargé de l’expulsion manu militari des « crevettes ». A la suite d’évènements inattendus (que je ne dévoilerai pas), Wikus changera de camp et viendra en aide aux extra-terrestres.
L’intrigue est prévisible mais le film fascine par son côté totalement immersif et ses effets spéciaux plus que réussis, sans parler des scènes de combat complètement démentes. Le style documentaire/caméra à l’épaule aide à rendre cet univers extrêmement crédible mais les images restent léchées, contrairement à ce qui se passe dans un certain nombre de productions du même type où on chope rapidement le mal de tête à voir des images floues secouées dans tous les sens.
Avec un « petit » budget de 30 millions de dollars, Neill Blomkamp maitrise parfaitement bien son premier film et entre directement dans la cour des grands (être produit par Peter Jackson, ça aide aussi). Si on voulait chipoter, on regarderait du côté du scénario et de ses personnages vraiment trop caricaturaux (le Nigeria n’a pas vraiment apprécié la façon dont on le traite !). Bien sûr il y a une dénonciation de l’Apartheid et de la haine raciale, mais ce n’est pas très subtil… C’est avant tout un film de geek, fait pour les geeks, qui n’est pas vraiment fait pour plaire au grand public.
Mais au fait qui est donc Neill Blomkamp et comment en est-il arrivé là ?
Hé bien c’est un jeune réalisateur de 30 ans, d’origine sud africaine, qui a déjà un bon CV en création d’effets spéciaux. Il a travaillé dans la pub et dans des séries telles que Stargate, Smallville ou Dark Angel. Attiré par le cinéma, il s’est illustré par quelques courts métrages : Alive in Joburg (2005), dont District 9 est directement inspiré, et Tempbot (2006).
En 2006, Peter Jackson cherche justement à produire un jeune talent et à l’embaucher pour réaliser l’adaptation filmique du jeu Halo. C’est Neill qui est recruté par le nouveau dieu de l’industrie cinématographique et il planche durement sur Halo, en produisant une mise en bouche (Halo Landfall) très appréciée des gamers.
Le rêve tourne court lorsque les producteurs (Universal et Fox) décident d’abandonner Halo. En guise de consolation, Fran Walsh propose alors à Neill Blomkamp de réaliser un film adapté de Alive in Joburg, avec une totale liberté artistique mais un budget modique. Et c’est ainsi que District 9 voit le jour… Nul doute que la carrière de Neill Blomkamp est désormais bien lancée et on attend avec impatience son prochain film (District 10 ?)
Quelques créations de Neill Blomkamp :
Alive in Joburg
Halo Landfall
Evolution