Jessica Jones : le côté obscur de Marvel
Jusqu’à présent, les productions Marvel racontaient des histoires familiales, où s’ébattent des super-héros en costumes colorés, avec une bonne dose d’humour et de bonne humeur. Un style qui entraîne désormais une certaine lassitude du spectateur, qui est au bord de l’overdose héroïque.
Face à ce style Marvel/Disney dépourvu de surprise, sur lequel reposent les productions les plus connues de la maison (de X-Men, Spider-Man, Avengers…), une évolution se fait sentir, avec des histoires plus sombres et plus adultes et une ambiance beaucoup moins chatoyante (le Soldat de l’hiver, la série Daredevil, le prochain Civil War à sortir…). La série Jessica Jones en remet une couche dans le côté sombre, et une sacrée couche…
Pour commencer, la première particularité de cette production Netflix est d’avoir une héroïne comme personnage principal. Or jusqu’à présent, les films Marvel n’avaient quasiment que des personnages masculins (à l’exception de Black Widow). C’est donc la première fois qu’une héroïne a sa propre série et qu’elle ne joue pas les potiches de service.
Ensuite, il faut bien avouer que Jessica Jones est très loin de l’imagerie traditionnelle des comic books. Ne comptez pas sur elle pour porter un costume sexy ! Elle est antipathique, antisociale, grossière, négligée de sa personne et par-dessus le marché alcoolique. Ses capacités héroïques (une super force) ne sont utilisées qu’occasionnellement, pour défoncer des portes et des malfrats. Jessica Jones est détective privé, un détective aux méthodes pour le moins expéditives, qui accepte les sales boulots et a le don de se faire des ennemis partout où elle passe.
L’ambiance générale qui accompagne cette héroïne badass est au rendez-vous : appartements sordides, ruelles sombres, bars louches, toute la panoplie du film noir… Bien peu d’humour Marvel surnage dans cette noirceur, et on passe souvent de la légèreté au sordide le plus total (le gentil voisin qui fait des pains de banane et qui finira tragiquement). Jessica Jones est une série très très sombre, grâce à son super-méchant psychopathe, qui écrase tout ce que Marvel nous a montré jusqu’à présent… Killgrave (alias l’Homme pourpre) est un être profondément malveillant, doté d’un pouvoir de suggestion irrésistible. Tous ses ordres sont exécutés par ses victimes, même si cela doit entraîner meurtre et mutilation…
Tout au long de la série, Jessica va essayer de mettre hors d’état de nuire Killgrave, celui-ci accumulant une quantité impressionnante de cadavres, dont plusieurs personnages secondaires auxquels on avait eu le temps de s’attacher. Rude épreuve pour l’amateur de série héroïque, habitué à des productions plus feutrés (Agents of shield, Arrow, Flash…). C’est un peu comme si Hannibal Lecter s’invitait dans un film de Disney et faisait un carnage !
Bref, l’histoire est sombre et bien interprétée (mention spéciale à David Tennant/Killgrave, qui fut le 10e Doctor Who…), et l’intrigue est accrocheuse jusqu’à la fin, avec moult péripéties et rebondissements (jusqu’au dernier moment, on croit que la partie est perdue pour Jessica Jones et ses amis). Je ne connais pas bien le comic book d’origine, mais il est clair qu’il y a des points de différence (par exemple l’Homme pourpre n’a pas la peau pourpre). Et il est tout aussi clair que la série Jessica Jones est reliée à la série Daredevil, et qu’il y aura probablement une rencontre entre les deux héros. On y croise aussi un certain Luke Cage, qui est un super-héros de l’univers Marvel.
Cette série est donc une bonne surprise, à condition qu’on prenne le temps de s’adapter à l’ambiance. La stratégie de produire une série sur un personnage peu connu de l’univers Marvel, avec une tonalité beaucoup plus sombre et adulte que d’habitude, s’avère payante.