L’indicible Dracula Untold…
Étrange projet que ce Dracula : Untold, qui tente de nous plonger aux racines du mythe, à la manière d’un Batman Begins… Conspué par un grand nombre de fans du vampire, c’est un projet qui revient de loin (il s’agissait au départ de Dracula : Year Zero, dirigé par Alex Proyas) et qui n’est pas si déplaisant que cela. On peut même y trouver un bon divertissement, à condition d’aimer les films à la Underworld.
Le bon point de ce film est de proposer un regard neuf sur le mythe, en marchant sur les traces du prologue du Dracula de Coppola. On y croise donc un Dracula « historique », empaleur à ses heures, et en guerre contre les Ottomans (qui sont tous dépeints comme de gros enfoirés). Le personnage est interprété par Luke Evans (Bard), qui est assez charismatique, même s’il n’a pas du tout la tête de l’emploi si l’on regarde les portraits historiques. Jugez plutôt :
En fait Coppola avait fait de l’assez bon travail avec Gary Oldman, mais passons ! La réalisation de Gary Shore (c’est son premier film) est correcte, avec une ambiance épique qui évoque par moment le Seigneur des Anneaux ou Underworld (certains diront qu’il y a copiage manifeste).
Toute la problématique est de faire de Vlad l’Empaleur un personnage sympa, qui défend sa petite famille et n’hésite pas à se salir les mains (et l’âme) pour sauver son peuple. Dracula revu à la sauce américaine devient une sorte de superhéros médiéval, un Superman sombre dont la kryptonite serait remplacée par de l’argent… C’est ce traitement qui en hérisse plus d’un, car on voit mal comment ce héros va devenir le mal absolu du roman de Bram Stoker. Pour une relecture, c’est une sacré relecture ! (ceci dit, Coppola aussi avait trahi le mythe avec son histoire d’amour qui travers les siècles. Il existe très peu d’adaptations réellement fidèles au roman).
Bref, à ma grande surprise j’ai passé un bon moment, en visionnant enfin un film qui transpose correctement les bouquins de Anne Rice (même si ce n’est pas revendiqué dans le film) et qui est clairement sous influence de pas mal d’autres métrages. Le mélange comics/fantastique/historique sera apprécié ou rejeté selon sa sensibilité, en tout cas le propos est simple : proposer un spectacle honnête sur un mythe usé jusqu’à la corde et souvent dénaturé. Le plus étonnant est que plusieurs points du scénario (notamment le fait que Vlad a passé son enfance chez les Ottomans) sont tout à fait conformes à la réalité historique ! Comme quoi on en apprend tous les jours…
En attendant d’avoir un biopic sur le vrai Dracula (ce qui n’est pas demain la veille), on pourra savourer sans arrières pensées ce film rafraichissant, qui se termine sur une fin très ouverte et appelle à une suite (logique pour un reboot).