La planète des singes : la guerre a commencé…
Une histoire mondialement connue, une série de films à succès dans les années 70, sans oublier un roman culte de Pierre Boulle, la Planète des Singes ne pouvait que tenter les sociétés de production voulant rentrer de l’argent sans trop prendre de risques. Il faut dire que le sujet est intemporel, universel, et qu’il peut convenir à tout type de spectateur, quel que soit son pays d’origine, sa religion, ses opinions politiques… Du gâteau !
Après une tentative de reboot ratée en 2001 (le film de Tim Burton était sympathique mais il avait des défauts et surtout il n’a pas convaincu le public), il y eut La Planète des Singes : l’Origine en 2011. Le film était réalisé par un quasi-débutant (Rupert Wyatt) et reposait sur les épaules solides d’Andy Serkis, dans le rôle du singe César. Le film prenait le contrepied du film de Tim Burton et racontait le tout début de l’histoire (en prenant au passage quelques libertés avec le romande Pierre Boulle). Il était question de manipulations génétiques, de recherche scientifique et d’oppression des singes. Une histoire prévisible, mais bien menée et portée par la performance de César/Andy Serkis, une créature synthétique tout à tour effrayante et émouvante (comme Gollum, tiens).
On aurait pu penser que fort de son succès, Hollywood allait enchaîner une série de films familiaux sur cet univers… Or finalement, contre toute attente, le 2e opus (L’affrontement) est une surprise, et plutôt une bonne surprise. Déjà, la réalisation est confiée à Matt Reeves, qui s’est auparavant fait remarquer avec Cloverfield et Let me in. Robet Wyatt était prévu pour la réalisation du 2e film, mais on gagne au change, avec de superbes images cinématographiques, une ambiance post-apocalyptique et une sacrée immersion (pas vu en 3D mais certains passages doivent donner).
Ensuite, alors que le 1er film était plutôt un blockbuster familial, ce 2e film est beaucoup plus sombre, beaucoup plus dérangeant, et complètement différent en termes de style et de narration. Les singes ont évolué (10 ans se sont passé) et commencent à constituer leur propre civilisation. A l’inverse, les humains sont sur le déclin, suite à une catastrophe virale mondiale…
Le film équilibre donc les rapports entre les protagonistes, qui se trouvent à peu prés de force égale. Il est loin le temps où César, seul contre tous, essayait de sauver sa peau ! Désormais, il a un peuple et une famille (ce dernier point étant le moins convaincant du film).
Face à face, les Humains et les Singes s’observent, s’évaluent, et les plus sauvages des deux ne sont pas forcément ceux que l’on croit… César est dépeint comme un partisan de la paix, tandis que son vis-à-vis humain veut exterminer les Singes (moi ça me fait penser à la façon dont les américains ont traité les Indiens, mais je me trompe peut-être).
Deux espèces intelligentes peuvent-elles vivre sur la même planète ? La guerre est-elle inévitable ? Comment peut-on définir l’humanité ?
Des sujets de réflexion intéressants, portés par un film d’action assez long (trop long d’ailleurs), qui aurait mérité d’être un peu plus approfondi sur certains points. En tout cas, c’est une suite surprenante (ce qui est de plus en plus rare au cinéma), réalisé avec intelligence, et portée par de bons acteurs… La connexion parfaite avec tous les autres films sur la Planète des Singes (et notamment celui de Tim Burton, dont les visuels de singes cavaliers renvoient forcément à ce qu’on voit dans L’affrontement).
Reste qu’on s’éloigne de plus en plus de Pierre Boulle : dans son roman, les Singes étaient les serviteurs des Humains et les ont peu à peu supplanté, profitant de la décadence de la civilisation…