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Pour moi, John Carpenter fait partie des plus grands réalisateurs des années 80. Il a réalisé une quantité impressionnante de films cultes, qui ont marqué toute une génération. La liste est longue, je vais quand même citer mes préférés : Assault (1976), Halloween (1978), New York 1997 (1981), The Thing (1982), Prince of Darkness (1987), Ghosts of Mars (2001).
John Carpenter a pratiquement toujours réalisé des films d’horreur et sa marque de fabrique est un style très classique, très sobre, et non dépourvu d’ironie et d’humour noir. Pas d’effets dramatiques mais une façon plutôt réaliste et très premier degré de poser sa caméra et de faire vivre les personnages. On pourrait lui reprocher un côté froid et peu sentimental, mais il arrive à créer de sacrés ambiances de frousse et de tension, alimentés par sa propre musique (souvenez-vous des petites notes répétitives et stressantes de Halloween). La plupart de ses personnages sont des survivants, hommes ou femmes confrontés à l’indicible et qui se battent tout simplement pour rester en vie. Côté horreur, John Carpenter n’aime pas la surenchère gore mais quand il faut faire mal, il le fait, sans concession et sans ménager ses victimes.
Tous les films de John Carpenter ne sont pas des chefs d’œuvre, notamment quand il s’est essayé à la comédie romantique (Les Aventures d’un homme invisible : au secours !) ou à la suite vraiment pas indispensable (Los Angeles 2013). Depuis 2001, si l’on met de côté 2 épisodes TV de Masters of Horror en 2006-2007, le Maître n’a plus donné signe de vie. Et pourtant John Carpenter reste présent, au travers les nombreux remakes de ses films (Assault, Halloween, Fog, The Thing…) et il est vrai que plusieurs de ses collègues des années 70-80 ont tenté un come-back peu convaincant (George Romero et Dario Argento).
Bref quand j’ai appris que John préparait un nouveau film, intitulé The Ward, j’étais à la fois méfiant et content. Est-ce que le maitre de l’horreur allait refaire son apparition et s’imposer parmi la nouvelle vague de réalisateurs un peu plus tournés vers l’esbroufe ?
The Ward (diffusé en janvier 2011 au Royaume Uni) se passe dans les années 60 et raconte l’histoire d’une jeune femme (Kristen), internée en asile psychiatrique après avoir foutu le feu à une maison. Un étrange asile, où les jeunes patientes disparaissent les une après les autres et où rode un fantôme pas très affectueux. Kristen va se battre pour sa survie et tout faire pour découvrir la réalité.
Le bon côté de ce film, c’est que le style Carpenter est toujours présent, dans la façon de balader sa caméra à travers de longs corridors et de filmer des meurtres sans concession. Kristen est un personnage attachant (le seul personnage intéressant du film à vrai dire) et sa façon de ne jamais s’avouer vaincue force le respect.
Reste que c’est triste à dire, mais que le style Carpenter a vieilli, et que sa mise en scène calme et sobre parait justement beaucoup trop calme par rapport à ce qu’on fait aujourd’hui. Du côté de l’histoire, The Ward (un projet qui remonte à fort longtemps) est sorti après Inception et Sucker Punch. Le Twist final perd donc tout intérêt.
Globalement, il faut bien avouer que l’histoire qui est racontée dans ce film, n’est pas tellement dans le style John Carpenter, notamment au niveau de ce fameux twist, beaucoup trop tarabiscoté pour le maitre du classique. On dirait un film de commande ! D’ailleurs on sent bien qu’il ne s’est pas complètement investi dans le film (le fait qu’il n’ait pas signé la musique prouve son manque de motivation). Contrairement à ce que laissait imaginer la superbe affiche, on n’est pas dans un cauchemar rempli de monstruosités, façon l’Antre de la folie, mais dans un film très convenu et guère inventif. Le manque de budget est flagrant, et on dirait que le tout est filmé avec une certaine paresse.
Bref, un film qui se regarde sans déplaisir mais qui malheureusement n’est qu’un pâle reflet de ce que John Carpenter a pu réaliser autrefois…