Archives mensuelles : janvier 2011

Le Trône de Fer, bientôt sur les écrans

Il fallait bien un jour que je parle du Trône de Fer et que j’explique pourquoi l’annonce d’une adaptation en série TV (diffusion prévue en avril ) fait partie pour moi des choses les plus attendues en 2011. Par où commencer ? Le Trône de Fer est l’oeuvre de George R. R. Martin, écrivain américain né en 1948, qui a déjà une longue carrière d’écrivain et de scénariste. Il a gagné plusieurs prix littéraires et ce n’est donc pas un débutant lorsqu’il attaque en 1996 une saga, qui sera sans aucun doute l’œuvre de sa vie, sous le nom de « A Song of Ice and Fire« .  Regardez un peu son visage et son look de vieux magicien rusé : cet homme n’est pas n’importe qui !

La saga se compose pour le moment de A Game of Thrones (1996), A Clash of Kings (1999), A Storm of Swords (2000) et A Feast for Crows (2005). Chacun de ces volumes fait plus de 800 pages, et ils ont été saucissonnés en une douzaine de tomes pour plus de commodité pour la parution française. Seuls les Intégrales publiées par J’ai Lu respectent le format d’origine.

Le 5e Tome, intitulé A Dance with Dragons est toujours en cours d’écriture et dépasse déjà les 1200 pages. La saga enterre déjà le Seigneur des Anneaux en termes de densité, car George RR Martin s’est retrouvé un peu débordé par la complexité de son univers et suit un chemin pour le moins tortueux pour mener son intrigue.

Il est très difficile de résumer l’intrigue du Trône de Fer, tellement l’histoire est complexe. Cela se passe dans un monde médiéval imaginaire, où les saisons peuvent durer des dizaines d’années (« l’hiver approche » est une menace qui prend tout son sens). Le royaume des Sept Couronnes est gouverné par plusieurs rois de grande maison, et une multitude de roitelets, barons et vassaux. Au-dessus de tous ces rois ce trouve le roi de Port-Réal, qui occupe le fameux Trône de Fer, et qui est une sorte d’empereur. Au début de la saga, le Trône est occupé par le roi Robert Barathéon.

Il faut aussi parler des terres du Nord, et du Mur qui sépare les terres civilisées des terres habitées par des sauvages et des êtres maléfiques. Depuis des temps immémoriaux, la Garde de Nuit surveille le Mur et protège les terres du sud contre la menace des créatures maléfiques qui résident dans le nord glacé.

La mort du roi Robert Barathéon (ou plutôt son assassinat) ouvre une période de troubles et de guerre, car il y a beaucoup de prétendants au Trône de fer et certains royaumes veulent faire sécession.La reine Cersei Lannister (épouse et meurtrière du Roi Robert) fait tout pour conserver le pouvoir mais ce n’est du goût des Stark, des Tully et des Arryn… Le Jeu des Trônes peut commencer.

Cersei Lannister

la Reine Cersei, une vraie garce cynique et cruelle

Et pendant ce temps… Une menace s’éveille de l’autre côté du mur et des Morts-Vivants commence à faire leur apparition.

Et pendant ce temps…  La princesse Daenerys, dernière descendante de la maison Targaryen, qui fut dépossédée du Trône de Fer par le roi Robert, prépare sa revanche.

Daenerys

Daenerys, princesse en exil et héritière du Trône de Fer

Je ne vais pas aller plus loin les explications, cela deviendrait vraiment très compliqué. Car le Trône de Fer est une œuvre compliquée, c’est le moins qu’on puisse dire. George RR Martin n’hésite pas à passer d’un personnage à l’autre et à faire sortir de l’ombre une multitude de protagonistes, dévoilant les liens qui relient les différentes familles et les péripéties de nos héros pour créer un univers incroyablement consistant et détaillé.

En termes de style, il faut clairement dire que ce n’est pas un nouveau Seigneur des Anneaux. Pour commencer il n’y a pas de races non-humaines, et les éléments purement fantastiques ou surnaturels sont rares (ce qui est très frustrant au début de la lecture). On n’est pas non plus dans le style « saga héroïque » propre à de nombreuses œuvres du genre. Le Trône est vraiment à part.

Le Trône est beaucoup plus sombre et réaliste que n’importe quelle oeuvre, on n’est pas dans l’heroic fantasy mais plutôt dans de la dark fantasy et George RR Martin tient à nous présenter toute la cruauté et la rudesse de l’univers médiéval. Massacre, torture, trahison sont des éléments qui reviennent sans arrêt, avec le risque que la lecture devienne profondément déprimante pour sont qui n’ont pas le cœur trés bien accroché. C’est bien simple, j’ai rarement vu un auteur autant malmener ses personnages ! George RR Martin n’hésite pas à s’en prendre aux « gentils » et à faire triompher les « méchants », contre toute attente, en prenant le contre-pied de ce qu’on voit généralement. Préparez vos mouchoirs ! Le lecteur risque d’être sérieusement malmené s’il s’attache à l’un ou l’autre des personnages…

Tyrion

Tyrion Lannister (Peter Dinklage), frère mal-aimé de la reine Cersei

L’annonce de la production d’une série TV par HBO a de quoi faire dresser l’oreille. HBO a déjà mené un grand nombre de séries cultes (Band of Brothers, Rome, Deadwood, La Caravane de l’étrange, Six Pieds sous Terre, True Blood…) et ses productions se caractérisent d’une part par une réalisation impeccable et très élaborée, d’autre part par un réaliste et un cruauté qui collent très bien à l’univers du Trône. Les premières images laissent d’ailleurs penser que HBO va faire du bon travail, en tout cas en ce qui concerne la reconstitution des Sept Royaumes.

Eddard Stark

Eddard Stark (Sean Bean), roi du Nord, fait partie des "gentils"

Voilà sans aucun doute quelque chose à suivre de très prés en 2011. Et j’aimerais bien aussi que Maitre Martin arrive au bout de son Dance with Dragons !

Un trailer HBO qui donne vraiment envie :

Arrietty : la magie Ghibli est de retour

Arrietty, le petit monde des chapardeurs est la nouvelle création Ghibli disponible sur nos écrans. Produit et scénarisé par Miyao Miyazaki, mais réalisé par Hiromasa Yonebayashi (qui était superviseur des effets visuels sur le Voyage de Chihiro), c’est un Ghibli mineur mais tellement agréable à regarder, et tellement plus intéressant que ces crétineries en 3D que l’on livre au public en guise de film d’animation.

Inspiré d’un classique de la littérature jeunesse, ça raconte comment un jeune garçon, gravement malade, prend pension chez une vieille tante, à la campagne et découvre qu’une famille de Petites Personnes vivent sous le plancher. Parmi elles se trouve la charmante Arrietty, adolescente aventureuse et apprentie chapardeuse.

Arrietty, c’est une gentille histoire d’amitié entre deux enfants que tout sépare, un film idéal pour les petits, qui aborde mine de rien certains sujets graves comme la maladie, la mort, la disparition des espèces… Bref on retrouve quand même un certain niveau de profondeur, propre à toutes les productions Ghibli.

Malgré tout le film reste un peu superficiel, et on sent que Miyazaki n’est pas là. Son successeur a voulu trop bien faire, et livre un film exemplaire en termes de réalisation mais manquant quand même de fantaisie et d’audace. On n’est pas dans Totoro !

On ne verra pas par exemple de Petites Personnes défendre chèrement leur vie contre les sales bestioles qui  pullulent dans le sous-sol. Les bons sentiments l’emportent, et même  la Méchante du film apparait plus bête que vraiment malfaisante. Les péripéties sont limitées (une grimpette dans le lierre par-ci, une exploration de la cuisine par-là), ainsi que les rebondissements narratifs.

la chambre d'Arrietty : ça c'est bien une chambre de fille !

Ceci dit, on pourra apprécier la fraicheur et la finesse de cet univers de lilliputiens, qui montent des expéditions incroyables pour voler un morceau de sucre et aiment décorer les murs de leur maison avec des timbres-postes. Tout le savoir-faire de Ghibli est là, dans la façon de filmer la nature et de créer des environnements merveilleux, au dessin traditionnel, sans recours aux images de synthèse. La musique celtique de Cécile Corbel est également une bonne surprise et contribue beaucoup à la fraicheur et au charme de cet univers.

Après les Contes de Terremer et la participation de Carlos Nùnez,  c’est la 2e fois que les studios Ghibli font appel à des artistes celtiques. Il faut dire que le mélange manga-celtique fonctionne étonnamment bien !

On sort de la projection avec une impression de bien être et une certaine nostalgie, comme après avoir fait un joli rêve. Pourvu qu’il y ait encore beaucoup de films Ghibli ! La magie fonctionne toujours….

chapardeuse, c'est pas un métier facile !

V 2009, le retour des Visiteurs

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Les producteurs américains, en panne d’inspiration, ont fâcheusement tendance à puiser dans les séries mythiques des années 70-80, pour en faire des remakes souvent peu inspirés, tablant que le fait que tout le monde a oublié les séries d’origine, et qu’il suffit d’utiliser les mêmes ficelles pour obtenir le succès. Et bien non les gars ! Les amateurs de séries sont très exigeants quand on touche à une série culte et il est beaucoup plus difficile de faire un bon remake que de lancer une nouvelle série. Tout au plus verra-t’on quelques spectateurs attirés par curiosité sur les premiers épisodes avant de constater une baisse d’audience catastrophique si le talent n’est pas au rendez-vous.

Tout ça pour dire que je ne voyais pas d’un très bon œil le remake de V, la série d’origine étant difficile à surpasser (même s’il elle a pris un sacré coup de vieux au niveau de la mise en scène). Rappelons que V a été créé en 1983, qu’il s’agit d’un ensemble de plusieurs épisodes et téléfilms, et qu’elle bénéficiait d’effets spéciaux assez bluffant pour l’époque. L’histoire racontait comment des extraterrestres séduisants et à apparence humaine, venus pour apporter leur amitié à la Terre, se révélaient être en fait de monstrueux reptiles, désirant asservir totalement la race humaine (et même la bouffer). Face à eux, la résistance s’organisait, mais les V avaient des collaborateurs et des alliés fidèles parmi les humains.

V dans les années 1980… toute une époque !

V se présentait donc comme un long film de guerre, avec ses rebondissement et ses traitres, dans les 2 camps. Le film était imprégné de l’histoire de la seconde guerre mondiale et se révélait souvent lourdement pédagogique, comme si le but était d’expliquer le nazisme, la résistance et la collaboration à des spectateurs américains pas très futés.

Lancé en 2009, le remake de V reprend la trame de l’histoire, en changeant les personnages et en révélant dés le premier épisode la véritable nature des lézards. Une décision somme toute logique, car les spectateurs savent très bien à quoi s’en tenir. On retrouve l’histoire dans ses grandes lignes (création de la résistance, rôle de la 5e Colonne…) mais le casting et le design général ont été changés, et on est plutôt dans le high tech sophistiqué que dans la SF à la Star Wars. Même les costumes des V ont été remis au goût du jour et Anna, la reine des V, a troqué un ensemble tailleur fort seyant contre  la combinaison rouge des années 80.

la reine des visiteurs, version 2009 : un charme vénéneux…

Bien que les personnages soient assez caricaturaux et que la série contienne un certain nombre d’incohérences et de grosses ficelles scénaristiques, ce remake se laisse voir avec plaisir, grâce à un suspense bien mené et à de nombreux rebondissement. C’est une des rares séries du moment qui donne immédiatement envie de voir l’épisode suivant ! Il faut dire que tous les personnages finissent par devenir intéressants et qu’on a envie de savoir comment ils vont s’en sortir.

Par contre tout cela manque beaucoup de subtilité (comme la série d’origine) et un peu plus de réalisme ne ferait pas de mal. Comment imaginer que des aliens débarquent sans être détectés par les radars, qu’ils portent des vêtements à la dernière mode, qu’ils parlent toutes les langues du monde et connaissent toutes nos coutumes sans que quelqu’un trouve cela un peu louche… Comment imaginer qu’il ne se trouve pas un seul média ou un seul militaire pour envisager une invasion (alors que l’on vit une époque où l’on voit des complots partout !). Les gens sont vraiment trop naïfs dans cette série… (mais cela risque de changer dans la Saison 2)

quelques visages connus chez la Résistance

Enfin bref, inutile de bouder son plaisir, ce V cuvée 2009 est plutôt une  bonne surprise et le casting fait plaisir à voir. Il y a une sacré concentration d’acteurs de séries SF/fantastique et notamment Elisabeth Mitchell (Lost), Joel Gretsch (les 4400),  Morena Baccarin (Firefly) et Laura Vanderwoort (Smallville)… Tous ces acteurs jouent d’une façon convaincante, avec mention spéciale à la vénéneuse Anna (Morena Baccarin) et contribuent de faire de V une série sympathique. Ce n’est pas une grande claque comme Galactica par exemple, mais il y a du potentiel qui ne demande qu’à s’exprimer ! La fin de la saison 1 et son ambiance apocalyptique, augure bien de la suite.