Archives mensuelles : juillet 2010

Inception : toupie or not toupie

Il va être bien difficile de faire un article sur Inception, le nouvel objet cinématographique concocté par Christopher Nolan. Le bonhomme n’arrête pas d’enchainer les succès (Memento, Insomnia, Batman Begins, Dark Knight) et maçonne pour un bon moment son statut de réalisateur de film d’action intello (ou de film intello avec de l’action).

Inception (mot intraduisible en français), c’est l’histoire d’un homme (Leonardo DiCaprio), dont la spécialité est plutôt l’Extraction. En l’occurrence il s’agit d’extraction de pensées et d’idées prélevées à l’intérieur même de l’esprit humain. Le héros de l’histoire est en effet capable de se promener dans le rêve dans autres, à l’aide d’une technologie mystérieuse mais en même temps très simple à utiliser.

Cobb l’Extracteur est embauché pour une mission délicate, qui consiste non pas à voler une idée mais à en implanter une dans l’esprit d’un riche héritier. C’est là l’Inception du titre, une sorte d’insémination ou d’ingestion psychique. Le processus demande du doigté et Cobb monte une team de différents spécialistes, comprenant un Architecte, un Chimiste, un Faussaire… Une équipe qui n’est pas sans rappeler Ocean’s Eleven ou Mission Impossible. L’équipe étant rassemblé, le plan étant prêt, il ne reste plus qu’à réussir le coup du siècle en plongeant dans l’esprit de Rober Fisher (Cillian Murphy).

Cobb (DiCaprio) et Fisher (Cillian Murphy) : le chasseur et sa proie

C’est intéressant de voir qu’une bonne partie du casting de Batman Begins se retrouve dans Inception : Cillian Murphy (l’Epouvantail) mais aussi Michael Caine (Alfred) et Ken Watanabe (le faux Ra’s Al Ghul). A cette belle brochette se rajoute Leonardo DiCaprio et Marion Cotillard, un couple assez perturbé (tiens ça rappelle Shutter Island, ça. Décidément il n’a pas de chance en amour, Leonardo)

Ce n’est pas tout : on retrouve aussi Hans Zimmer à la musique oppressante et Wally Pfister comme directeur de la photo oppressante, tous deux ayant travaillé sur Batman. On reste en famille donc.

American dream

(à partir d’ici il vaut mieux arrêter de lire pour ceux qui n’ont pas vu le film).

Je ne vais pas détailler ici toutes les règles auxquelles obéit le monde des rêves selon Christopher Nolan. C’est à la fois simple et efficace, à l’image de tout ce que fait ce réalisateur, qui semble avoir horreur de l’esbrouffe (au contraire de certains de ses congénères) mais ne rechigne pas devant des scènes d’action bien péchues.

Nos aventuriers du rêve ont donc fort à faire devant un environnement hostile et des « projections du subconscient » matérialisées en gardes patibulaires (ce qui rappelle fortement Matrix). Cependant, le monde du rêve manque singulièrement de fantaisie et de merveilleux. Dans l’ensemble, les rêves du film sont assez ternes, et n’ont pas grand chose d’irréel (à part la stupéfiante scène parisienne au début du film). A croire que les Américains ne savent pas rêver correctement !

une incroyable scène de rêve à Paris

L’aspect ordinaire de ces rêve s’exacerbe d’ailleurs dans ce passage où Cobb explique, que coincé pendant 50 ans dans un rêve avec sa femme, ils ont passé leur temps à imaginer des immeubles ! C’est pas vraiment pas le Nerverland…

Passons sur cette légère déception, il faut avouer qu’elle sert le scénario, dont la base repose justement sur la difficulté de différencier le rêve de la réalité. S’il y avait des éléphants roses partout, c’est clair qu’il n’y aurait plus d’histoire !

Christopher Nolan connait son affaire et nous embarque dans un voyage assez incroyable (un rêve dans un rêve dans un rêve dans un rêve…) et quelque chose de totalement inédit au cinéma. La mise en scène est classieuse et sobre, et notre homme sait aussi bien poser une scène de poursuite effrénée qu’une troublante et douloureuse scène de retrouvailles et d’explication entre Cobb (Leonardo) et sa femme (Marion Cotillard). Difficile de rester de marbre devant des amours aussi tragiques !

Le film est construit en forme de poupée russe mais reste assez lisible, pour peu que l’on se concentre sur les explications et indices donnés ça et là. La scène finale et plusieurs indices sèment le doute sur le retour de Cobb. N’est-il pas resté coincé dans les Limbes ? C’est volontairement ambigu et d’ailleurs on ne voit pas quel moyen il aurait pu réintégrer le monde réel.

silence on rêve !

Quoiqu’il en soit, c’est certainement un des grands films de 2010 et un point fort de la carrière de Christopher Nolan, qui prouve qu’il sait filmer autre chose que des justiciers masqués et sait mener à bien ses projets les plus fous.

Une jolie photo de Marion Cotillard pour finir…

Nul doute que ce film va générer de nombreuses discussions dans les forums et des débats de geeks à n’en plus finir. Un cinéma-plaisir, qui donne aussi à réfléchir, ça fait du bien…

EDIT : les théories commencent à foisonner sur ce que Christopher Nolan a voulu dire (ou ne pas dire). Matrix à côté c’est du AB Production ! Voir entre autres sur Allociné comment un message se cache dans une musique d’Edith Piaf…

Predators : dans la jungle, terrible jungle

Un rassemblement hétéroclite de mercenaires, soldats d’élite, aventuriers et psychopathes de tout poil, est transporté dans une jungle hostile où ils vont vivre de terribles épreuves. Non, il ne s’agit pas de Lost ou de Koh-Lanta mais d’une tentative de faire revivre la saga Predator au cinéma.

Le Predator est né en 1987, dans le 2e film de John Mc Tiernan, le film qui le révélera au grand public. C’est aussi un film dont la vedette était Arnold Schwarznegger, en pleine gloire à l’époque.

Dans le premier Predator, un commando américain était confronté dans la jungle mexicaine à un mystérieux chasseur extraterrestre, doté d’armes redoutables. Le commando était décimé par le Yautja (c’est le nom de la créature inventée par Stan Winston) mais Schwarzy finissait par remporter la bataille.

C’était un film d’action pas bien finaud mais assez habile dans la façon de poser une ambiance oppressante et de passer du film de guerre au film fantastique puis au film de SF. Il y avait aussi des effets gores bien saignants et ma foi, les FX tiennent encore la route.

En 1990, une suite fut tentée : Predator 2 se passait dans la jungle urbaine de Los Angeles, avait pour héros Danny Glover (l’Arme Fatale), un lieutenant de police black, nettement moins costaud que Schwarzy. Mouais…

Et ensuite… il y a eu des produits dérivés : les comics-books, jeux vidéos et les films Alien vs Predator, dont le dernier, sorti en 2007 n’était pas franchement une réussite.

La décision de revenir aux sources et de poursuivre la série des chasseurs rasta part d’un bon sentiment. C’est Nimrod Antal qui s’y colle (Blindés, Motel). Un honnête artisan, qui a au moins le mérite de respecter le matériau d’origine et de tourner d’une façon assez classique, pas du tout tape à l’œil.

Le casting comporte une belle brochette de sales gueules, et se démarque avec un Adrian Brody complètement à contre emploi, en salopard fourbe et sans scrupules. On note aussi la prestation d’un Laurence Fishburne (Matrix) complètement halluciné, en maitre de guerre qui se fait pourtant dézinguer dans un couloir comme un idiot, après avoir foutu le feu chez lui.

Laurence Fishburne, complètement barré

Predators (noter le S qui renvoie à AlienS mais se révèle assez trompeur) est un film honnête, relativement bien écrit mais qui manque d’ambition et ressemble furieusement à un remake. Pas beaucoup de surprises, une grosse impression de déjà vu et des FX minimalistes. Tout au plus retiendra-t-’on l’irruption de chiens-predators au début du film (des toutous qu’on ne verra plus par la suite) et cette bizarre créature humanoïde qui se fait buter et dont on ne saura jamais ce qu’elle foutait là.

Adrian Brody en mercenaire patibulaire et sans scrupules

On reste franchement sur sa faim, surtout que de nombreuses idées sont proposées mais jamais traitées comme il faut (les pièges dans la forêt, l’alliance avec un Predator renégat, le vol du vaisseau spatial…). Faute de moyens, la jungle extraterrestre ressemble au jardin botanique qu’on trouve à côté de chez soi, et les personnages passent sans frémir d’une jungle humide à une forêt de sapins ou à une hêtraie bien de chez nous. On repassera pour l’ambiance d’un autre monde !

Il y aussi un paquet d’incohérences et d’approximations qui en font presque une série Z (le fait que tous les bad guys, venus des 4 coins du globe parlent la même langue par exemple). On n’apprendra rien du tout sur les chasseurs à tête de crevette mais ça reste un film d’action correct, on évité la grosse purge.

Allez hop, la bande annonce (qui est vachement mieux que le film lui-même)

Souvenirs de la Côte Basque

Avec un peu de retard, voilà mes impressions d’un séjour sur la Côte Basque au printemps. Séjour riche de nostalgie puisque je passais mes vacances là-bas étant enfant, et que cela faisait longtemps que je n’avais pas vu le pays basque. Alors, est-ce que « C’était mieux avant » ou pas ?

Saint-Jean de Luz, toujours le coup de cœur

Première étape incontournable, une journée à Saint-Jean de Luz : le petit port, les rues piétonnes, la promenade de mer, la digue, la pointe Sainte Barbe… Saint-Jean est resté égal à lui même avec ses maisons proprettes, son port pittoresque et son atmosphère historique. De nombreux panneaux rappellent le passé de la ville : le règne des corsaires, la chasse à la baleine, le mariage de Louis XIV…  Maintenant Saint-Jean vit surtout du tourisme.

Les marchands de douceurs (macaron, chocolat, touron…) se sont multipliés, sans oublier les magasins de mode et autres enseignes chic. Les rues marchandes étaient un peu étouffantes (et pourtant c’était pas la grande foule estivale) mais il suffisait de s’écarter un peu pour trouver la sérénité et le calme des ruelles, avec de belles maisons anciennes.

le port de Saint-Jean de Luz

Je pourrais passer des jours à flâner dans le vieux port, à arpenter le bord de mer et à monter et descendre la colline Sainte-Barbe, qui est devenue un parc bien entretenu, offrant une jolie vue sur la baie de Saint-Jean et sur les Pyrénées (la Rhune, les Trois Couronnes). Saint-Jean a tout pour plaire si on cherche le calme et un certain art de vie.

baie de Saint Jean vue depuis la colline Sainte Barbe

Biarritz, toujours aussi jet set

Biarritz est une étape incontournable si on veut voir les grandes plages de l’océan atlantique et les rouleaux qui attirent les surfeurs du monde entier. Il n’empêche, c’est loin d’être ma ville préférée : prétentieuse et un peu vulgaire, Biarritz est un endroit où « on se la pète », qu’il s’agisse de frimer sur la plage ou de se faire voir dans les palaces 4 étoiles. Ça il y en a des surfeurs, agglutinés comme des fourmis, à l’attente de LA vague qui leur permettra de montrer leur savoir-faire (ou de se vautrer lamentablement). Ceci dit, il y a aussi des sirènes qui sont bien agréables à regarder

On passera donc au large des lieux fréquentés par la jet set pour se balader sur le bord de mer, observer les vagues s’écraser contre le Rocher de la Vierge, méditer devant le charme suranné de la villa Belza, s’émerveiller devant les massifs d’hortensia dont les couleurs rappellent les glaces de chez Dodin (miam !). Biarritz a encore un charme suranné, celui d’une station balnéaire du XIXe siècle, fréquentée par les rois et les artistes de l’époque. Mais il faut les chercher, les villas rococo et les palaces, engloutis qu’ils sont maintenant dans le béton moche.

Bayonne

Un peu plus au nord, Bayonne est une ville qui s’est énormément développée et qui possède une longue histoire derrière elle, avec une réputation de ville indomptable, jamais prise au cours des nombreuses guerres qu’elle a traversé. C’est aussi un point clé du nationalisme basque, un nationalisme qui s’exprime de façon sympathique avec les boutiques Kukuxumusu mais de façon moins drôle avec des attentats sporadiques.

Bayonne et les quais de la Nive

Bayonne conserve malgré tout un certain cachet et les actions de rénovation ont su redonner de la prestance aux bords de Nive et aux rues piétonnes. Il y a toujours énormément de monde, mais on aura plaisir à se balader sous les arcades et à savourer un chocolat chez Cazenave (chocolaterie depuis 1854 !). Comme dans toutes les grandes villes, le centre historique et les quartiers piétons ont du charme et de l’authenticité, mais dés qu’on s’éloigne, on trouve les mêmes immeubles et résidences que partout dans le monde.

Le littoral basque

Le Pays Basque, c’est aussi un littoral verdoyant, ouvert sur les vagues de l’océan atlantique. Si on en a marre de la plage, on peut facilement partir randonner sur la côte, faire de la montagne, aller se balader en Espagne, faire des courses dans une venta. C’est ça aussi, le charme de la côte basque…