Archives mensuelles : août 2009

Tinariwen, le blues du désert

Aujourd’hui je partage un coup de cœur sur un groupe que j’ai découvert en écoutant Radioparadise.

<petit aparté>Radioparadise est une webradio américaine qui passe beaucoup de musique indépendante de qualité, dans un esprit totalement libre et non commercial. Moi j’y fais un tour dés que j’ai besoin de nouveauté et de musique anti-stress, et ça marche plutôt bien</petit aparté>

Bon, donc Tinariwen est un groupe de musiciens et chanteurs Touaregs, à composition fortement variable (ce sont des artistes nomades après tout). Dire que c’est un groupe de blues, c’est un peu facile (mouarf, des Hommes Bleus qui font du blues !) mais cela correspond bien à l’esprit. Tinariwen (nom qui signifie « les déserts » ou « lieux vides » en tamasheq) fait de la musique assouf (mot qui veut dire « nostalgie » et qui correspond à ce courant musical) et les textes parlent de la résistance touareg des années 90, de l’exil et de la souffrance du peuple du désert, condamné à une vie de misère par le gouvernement malien (heureusement les choses se sont un peu arrangées).

Au niveau musical, Tinariwen est un mélange insolite combinant guitare électrique, percussions traditionnelles, chœurs féminins et voix rauque de chanteur. Difficile de coller une étiquette sur un style qui mixe le blues de John Lee Hooker et  la musique traditionnelle touareg, mais c’est réellement envoutant et addictif.

Quelques infos sur Tinariwen : http://www.mali-music.com/Cat/CatT/Tinariwen.htm

La page Myspace du groupe, où on peut écouter de nombreux titres : http://www.myspace.com/tinariwen

Quelques infos sur la musique Assouf (blues touareg) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Blues_touareg

Coraline, merveille animée

Coraline, affiche française : "certaines portes devraient rester secrètes"

Je viens enfin de voir Coraline, le film d’animation traditionnel (c’est à dire à base de poupées animées image par image). J’ai un peu de retard car le film de Henri Selick est sorti au mois de juin (et je l’avais raté) mais il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Donc, Coraline est une petite fille solitaire et grognon, obligée d’emménager avec ses parents dans une horrible vieille baraque. Entre ses parents débordés par leur travail (et in capables de faire à manger correctement) et des voisins tous plus bizarres les uns que les autres, Coraline déprime.

Jusqu’au jour où elle découvre une porte cachée qui mène à une version améliorée de son univers, un monde où les parents sont adorables et ne pensent qu’à s’amuser et à couvrir leur petit fille de cadeaux. Un monde vraiment parfait, mais les apparences sont trompeuses…

Coraline est une merveille d’animation, ce qui n’est guère surprenant de la part d’Henri Selick (réalisateur de l’Étrange Noël de Mr Jack en 1990 et de James et la Pêche Géante en 1996). Henry Selick est passionné d’animation depuis sa petite enfance et travaille dans ce secteur depuis plus de 20 ans. Après avoir travaillé chez Disney, Selick a lancé sa propre maison de production  et a été révélé au monde entier grâce à sa collaboration avec Tim Burton sur Mr Jack.

Avec Coraline, le maître de l’animation en stop-motion est au sommet de la créativité et propose de vraies images de rêve,  fantastiques et féériques, qui provoquent sourire béat, incrédulité et écarquillement des yeux. De la vraie magie cinématographique.

Henry Selick, papa comblé de Coraline

L’image ne serait évidemment rien sans le scénario tiré du livre de Neil Gaiman (paru en 2003). Neil Gaiman a déjà une longue carrière d’écrivain et scénariste de comic books et il semble enfin être reconnu à sa juste valeur par les producteurs de film (avec notamment Stardust et la Légende de Beowulf). C’est un auteur passionné de contes et d’histoires pour enfant, mais qui instille toujours une touche de noirceur et de réflexion dans des œuvres qui ne sont pas si enfantines que ça. Coraline ne déroge pas à la règle et elle est rapidement confrontée à des choses pas rigolotes du tout.

un chat tueur d'innocentes gerbilles ! mais les apparences sont trompeuses

Le film est également soutenu par la musique inspirée de Bruno Coulais, qui instille une ambiance de conte de fée  étrange et inquiétante (ce qui est parfaitement approprié).

Le DVD sortira en octobre, et je crois bien que je vais me laisser tenter…

Coraline dans l'enfer quotidien

Coraline et la porte qui devrait rester fermée

l'autre mère de Coraline, gentille mais légèrement inquiétante

Highlander 1986 : retour vers le passé

Ces temps-ci je me suis mis à revoir les vieux classiques. Certains ont très mal vieilli, d’autres arrivent à passer l’épreuve du temps et on a encore et encore du plaisir à les revoir. Pour commencer, retour vers un film culte des années 80 : Highlander.

Highlander I, sorti en 1986, reste à ce jour le meilleur film de l’australien Russel Mulcahy, un réalisateur qui n’a pas fait grand chose de mémorable depuis. C’est un film de clippeur typique des années 80, avec de grands mouvements de caméra, et l’utilisation de fumigènes et d’éclairages colorés, qui donnent des tonalités absolument pas naturelles à certaines scènes. Il n’empêche que la réalisation est plutôt inventive, et que le film fourmille de trouvailles, telles que les célèbres transitions entre deux époques (la surface d’un aquarium devient la surface d’un lac écossais) et une caméra aérienne, qui survole les rues et les personnages.

Il y a quand même un côté kitsch dans ce film, qui transparait dans des scènes de combat filmées en décor artificiel et accompagnées de hurlements féminins, tout à fait dignes des productions de la Hammer. La musique au synthé et les chansons de Queen n’arrangent pas les choses (mais pourquoi n’ont-ils pas utilisé de la musique celtique plutôt !)

Les effets spéciaux (notamment les éclairs) restent encore de bonne facture et les explosions diverses qui accompagnent chaque décapitation sont toujours aussi spectaculaires. Russel Mulcahy sait aussi délaisser la technologie pour filmer de superbes vues des paysages d’Ecosse et instiller un souffle épique et romantique à son film.

L’histoire, quant à elle, est toujours aussi prenante et le récit est construit d’une façon atypique, en commençant par la fin. On commence en effet par découvrir Connor Mac Leod à New York, triomphant d’un duel à l’épée dans un parking, et on apprend seulement ensuite, par différents flashbacks, qui il est et quelle est sa destinée.

Christophe Lambert se prend pour un guerrier écossais

Dans le rôle, Christophe Lambert est assez convaincant, bien qu’il ait du mal à passer pour un guerrier accompli. Il arrive assez bien à faire passer la mélancolie de Mac Leod, qui a vu périr tous ses proches au fil des siècles et disparaitre le monde qu’il connaissait.

En revoyant ce personnage, il est difficile de croire que Gregory Wilden ne s’est pas inspiré des chroniques des vampires de Anne Rice (dont le tome 2 est sorti en 1985).

Le choix de Christophe Lambert et de son célèbre regard farouche (regard particulièrement utilisé dans Greystoke) est bien vu et le physique colle finalement assez bien à l’idée qu’on peut se faire d’un guerrier du Moyen Age, d’origine écossaise.

Par contre il faut bien avouer que le fameux ricanement adolescent de Christophe Lambert (Gnark! Gnark! Gnark!) arrive à plomber pas mal de scènes. Finalement c’est dans les scènes muettes que l’acteur s’en sort le mieux (la faute aussi à des dialogues qui ne sont pas toujours très brillants).

Clancy Brown est le Kurgan, un héros incompris

Clancy Brown est le Kurgan, un méchant cruel et charismatique

L’adversaire de Mac Leod est le Kurgan, interprété par Clancy Brown. Véritable colosse à l’époque, l’acteur est complètement habité par son personnage barbare et présente une prestation à la fois grotesque et terrifiante.

C’est un des meilleurs méchants de cinéma qu’il m’ait été donné de voir, et côté charisme, Clancy Brown l’emporte largement face au chétif Christophe Lambert et son regard myope. Le côté gothique/star de rock y est sans doute pour beaucoup et le film aurait pris une toute autre tournure si le Kurgan n’avait pas décidé de se raser la tête et de se déguiser en punk à la fin.

Après tout il y a ce fameux dialogue où le Kurgan explique à MacLeod qu’il a violé sa femme et que celle-ci ne lui a jamais dit car elle y avait pris un certain plaisir !

Ramirez, le mentor de Mac Leod, est également un personnage marquant du film, grâce à la prestation irréprochable de Sean Connery, parfaitement à l’aise en gentleman âgé de plusieurs millénaires. C’est décidément un acteur qui a la classe, quel que soit le film.

Sean Connery et Christophe Lambert, à la grande époque

Highlander premier du nom, est un film réussi et accompli, qui a vraiment marqué son époque. Cela reste un grand classique qui se suffit à lui-même, bien que l’envie soit grande d’en savoir davantage sur les Immortels et leur origine.

Malheureusement il y a eu des suites et des produits dérivés, dont un Highlander 2 complètement à côté de la plaque, où Russel Mulcahy a tenté de retourner comme un gant le mythe pour en faire une sorte de comic book futuriste, inspiré de Superman. Ca a d’ailleurs définitivement plombé sa carrière et il n’a plus fait que de médiocres films de commande (Resident Evil 3 par exemple).

Highlander, il ne peut en rester qu’un après tout.